La géopolitique française en Afrique repose sur des relations historiques, économiques, culturelles et stratégiques qui remontent à la période coloniale. Cependant, ces liens sont aujourd’hui remis en question par de nombreux pays africains, évoquant la nécessité d’une souveraineté totale, à l’abri de toute ingérence extérieure.
La France a longtemps maintenu une influence prépondérante en Afrique à travers des bases militaires, des accords de coopération et des partenariats économiques. Les bases militaires françaises, présentes dans des pays comme le Mali, le Niger, le Tchad, la Côte d’Ivoire et Djibouti, étaient initialement justifiées par des missions de stabilisation, de lutte contre le terrorisme et de protection des intérêts français. Toutefois, ces présences sont de plus en plus perçues comme une atteinte à la souveraineté nationale.
Des récentes évolutions témoignent d’une contestation croissante. Les pays de l’Alliance des États du Sahel (AES) ont été parmi les premiers à demander le départ des troupes françaises, suivis par des déclarations prudentes mais significatives du président ivoirien Alassane Ouattara. Ces pays aspirent à une indépendance stratégique et une coopération équilibrée avec d’autres partenaires internationaux.
Les opérations militaires françaises soldées par une défaillance dans la lutte contre le terrorisme comme Barkhane au Sahel, sont critiquées pour leur inefficacité à stabiliser la région, laissant place à des dynamiques de violence persistantes. Avec l’émergence d’autres partenaires comme la Russie, la Chine et la Turquie, les États africains diversifient leurs alliances et réduisent leur dépendance à l’égard de la France.
Pour assurer leur souveraineté et prévenir toute velléité de déstabilisation, les États africains doivent adopter des stratégies à court, moyen et long terme par le renforcement des capacités militaires. Et investir dans la formation des forces armées nationales, le développement d’industries de défense et la coopération sud-sud en matière de sécurité, et aussi diversifier les partenariats économiques et valoriser les ressources locales pour éviter la captation des richesses par des puissances étrangères.
Le départ des bases militaires françaises symbolise une volonté des États africains de tourner la page du paternalisme postcolonial. Cette émancipation nécessite cependant une réflexion profonde sur la gestion de leur souveraineté et une responsabilisation accrue des dirigeants africains. En affirmant leur autonomie, les pays africains doivent également bâtir des partenariats équitables qui respectent leurs aspirations et leurs intérêts.
Amen K.