18 avril 2025

Burkina Faso : Ressources minières, l’État dit stop aux investissements sans retombées.

Le Burkina Faso engage une réflexion approfondie sur l’optimisation des retombées économiques de son secteur minier. Un atelier organisé ce 15 avril 2025 par le ministère des Mines et le CAPES analyse l’impact réel des Investissements Directs Étrangers (IDE) dans l’industrie extractive nationale.

Malgré un potentiel minier important et des investissements étrangers substantiels, atteignant 2000 milliards de FCFA en 2024, les résultats économiques restent en deçà des attentes. Les données officielles révèlent une contribution limitée : seulement 14,8% du PIB national, 521 milliards de recettes budgétaires et environ 19 000 emplois directs générés en 2023. Dr Marcellin Ouédraogo du CAPES explique cette situation paradoxale : « Les IDE miniers, bien que volumineux, n’impactent pas positivement la croissance à court terme. À long terme, leur effet devient même négatif en raison des importants rapatriements de bénéfices ». Cette analyse met en lumière le défi crucial de la rétention locale de valeur.

Face à ce constat, les autorités burkinabè initient une transformation profonde du modèle minier. Le ministre Yacouba Zabré Gouba énumère les axes prioritaires de réforme : l’actualisation du cadre juridique minier, l’application rigoureuse des règles sur le contenu local, le développement des compétences nationales, l’encouragement aux investisseurs locaux, la promotion d’exploitations durables.

Ces mesures s’inscrivent dans une vision globale visant à rééquilibrer les bénéfices entre investisseurs étrangers et économie nationale. L’objectif affiché est de faire du secteur minier un véritable levier de développement socio-économique plutôt qu’une simple source de revenus d’exportation. L’atelier marque une étape clé dans cette refonte stratégique. Il rassemble experts, décideurs politiques et représentants du secteur privé pour élaborer des solutions concrètes. Les discussions portent notamment sur les mécanismes de maximisation des retombées locales, l’optimisation fiscale et la création d’emplois qualifiés.

Cette initiative gouvernementale répond à une exigence croissante de justice économique dans la gestion des ressources naturelles. Elle s’accompagne d’un appel aux opérateurs nationaux à s’approprier davantage le secteur, conformément aux nouvelles orientations politiques. Le Burkina Faso rejoint ainsi plusieurs pays africains engagés dans la revalorisation de leurs ressources minières. Ce repositionnement stratégique pourrait, s’il est mené à bien, transformer durablement la contribution du secteur à l’économie nationale et au bien-être des populations.

Amen K.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *