Le récent sommet de la Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) a vu la mise en place d’une commission destinée à persuader les pays de l’Alliance des États du Sahel (AES) de réintégrer l’organisation régionale. Cependant, cette mission semble vouée à l’échec pour plusieurs raisons profondément ancrées dans les dynamiques géopolitiques et les perceptions de souveraineté.
Les pays membres de l’AES, à savoir le Mali, le Burkina Faso et le Niger, ont exprimé une volonté farouche de s’émanciper de l’influence occidentale, qu’ils perçoivent comme omniprésente au sein de la CEDEAO. Ils estiment que l’organisation régionale est trop souvent inféodée aux intérêts des anciennes puissances coloniales, notamment la France, ainsi qu’à ceux des États-Unis. Ces pays considèrent que la CEDEAO ne représente plus leurs intérêts souverains, mais ceux de ces puissances étrangères, ce qui a motivé leur retrait initial.
L’AES, formée dans le sillage de crises sécuritaires et politiques régionales, met un accent particulier sur la souveraineté et l’autodétermination. Les gouvernements de l’AES sont convaincus que leur adhésion à la CEDEAO les entraverait dans la mise en œuvre de politiques indépendantes, alignées sur leurs besoins et aspirations locales. La CEDEAO, perçue comme un instrument de l’ingérence étrangère, est donc incompatible avec la vision de souveraineté absolue défendue par l’AES.
En outre, les pays de l’AES ont développé des stratégies régionales spécifiques pour lutter contre le terrorisme et promouvoir le développement, souvent en coopération avec de nouvelles alliances internationales comme la Russie et la Chine. Ces partenariats alternatifs fournissent non seulement des ressources matérielles, mais aussi un soutien politique sans les conditions restrictives souvent imposées par les partenariats occidentaux traditionnels. Rejoindre à nouveau la CEDEAO risquerait de compliquer ou de compromettre ces nouvelles alliances stratégiques.
Ceci étant, la mission de facilitation que la CEDEAO compte entreprendre dans les prochains jours dans l’espoir de faire revenir l’AES au sein de l’organisation régionale, du moins de ce qui reste, se révèle être impossible à l’état actuel des choses.